Vingt-sept milliards de dollars de déficit
C’est le montant qui manque actuellement dans les coffres du gouvernement du Québec pour renflouer le déficit des régimes de retraite de ses fonctionnaires. Vous avez bien lu.
Les régimes de retraite des fonctionnaires provinciaux largement déficitaires coûteront une véritable fortune aux contribuables québécois au cours des prochaines années. Ce montant n’inclut pas évidemment les déficits des régimes de retraite des employés des Villes (estimés de leur côté à plus de 3 milliards de dollars)
Il faut dire que les contribuables québécois ont déjà commencé à payer pour ces insoutenables déficits de régimes de retraite. Depuis plusieurs années, le passif de ces régimes de retraite des fonctionnaires provinciaux a été ajouté à l’énorme dette brute du gouvernement du Québec qui s’élève maintenant à 198 milliards de dollars. Chaque année, le gouvernement du Québec verse d’ailleurs tout près de 11 milliards de dollars à ses différents créanciers pour payer seulement les intérêts de sa dette.
En juin dernier, lors de la présentation du budget du ministre des Finances Carlos Leitao, il manquait précisément 27,4 milliards de dollars à l’État québécois pour être capable de payer les prestations de retraite promises à ses fonctionnaires. Au Québec, plus de 900 000 personnes sont actuellement concernées par les différents régimes de retraite du gouvernement québécois. Au 31 mars 2013, on dénombrait 577 875 participants actifs et 326 755 prestataires. Ici, on doit spécifier que les employés de l’État sont les fonctionnaires, les enseignants, les policiers de la SQ, les juges, les élus actuels et passés de l’Assemblée nationale, etc., dont les salaires sont assumés par le gouvernement du Québec.
Passif de 76 milliards de dollars
Il faut dire que le passif réel des régimes de retraite des fonctionnaires provinciaux s’élève plutôt à 76,7 milliards de dollars. Or, pour compenser les manques à gagner de ces régimes créés dans les années 70, le gouvernement du Québec a mis au monde en 1993 le Fonds d’amortissement des régimes de retraite (FARR) administré par la Caisse de dépôt et placement. Rappelons que le FARR est financé avec de l’argent emprunté.
Le but du gouvernement, qui n’avait pas mis beaucoup d’argent de côté pendant presque 20 ans, est de jouer à la roulette russe en prenant le pari d’emprunter pour investir en Bourse et d’obtenir un rendement supérieur au coût d’intérêt. Cette stratégie a toutefois mal tourné. En 2008, la chute brutale des marchés financiers a fait perdre 10 milliards de dollars au FARR. En date du 31 mars dernier, le FARR, qui devait compter 51,3 milliards de dollars dans ses coffres, s’élevait plutôt à 49 milliards de dollars.
Préoccupant tout cela?
Pour l’heure, le gouvernement du Québec continue à nier le problème tout en pelletant par en avant (sur la dette) les montants colossaux engloutis chaque année dans cette aventure de régimes de retraite de ses fonctionnaires. Une situation qualifiée de «véritable drame silencieux des finances publiques» par certains économistes. Parce que rien n’indique que la situation va s’améliorer avec le vieillissement de la population, le départ massif de travailleurs de l’État à la retraite et la faiblesse des taux obligataires attendus ces prochaines années. Et n’osons surtout pas imaginer une autre crise financière…
Gardons à l’esprit qu’une personne passe maintenant en moyenne 41 % de sa vie à la retraite. Alors qui paiera cette note salée? Tout indique que ce sont tous les contribuables québécois qui devront assumer les frais de ces généreux régimes de retraite des employés de l’État.
Imiter le Wisconsin ?
Reste que le Québec pourrait imiter le Wisconsin. En 2011, l’État du Wisconsin s’est déclaré en «faillite» et a fait adopter une loi retirant aux syndicats de fonctionnaires la possibilité de négocier collectivement leurs conditions de travail ainsi que leurs avantages sociaux, à l’exception de leurs salaires. Le Wisconsin refuse maintenant de compresser des services et de hausser les taxes et les impôts de ses contribuables pour payer les déficits de régimes de retraite.
En chiffres:
900 000 personnes liées aux régimes de retraite du gouvernement du Québec
46 G$ | passif du Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP)
11,5 G$ | passif du Régime de retraite des enseignants
3,7 G$ | passif du Régime de retraite des membres de la SQ
2,9 G$ | passif du Régime de retraite de l’Université du Québec
186 M$ | passif du Régime de retraite des membres de l’Assemblée nationale